Les invités arrivent dans deux jours et un câble du système d’embrayage se brise. Ce qui veut dire qu’on ne peut faire ni marche avant, ni marche arrière. Heureusement nous sommes au mouillage dans le « Inner Harbour » à Rodney Bay, donc tant que Méridien est amarré à un corps mort, « pâ n’y pwoblem » comme on dit dans les îles françaises.
Le capitaine stresse car il doute de son pouvoir de réparation et n’ose compter les heures de travail qui s’annoncent. Jean du voilier Océane II, (vous vous souvenez de la Caribe 1500) vient lui donner un coup de main et comme toujours le capitaine réussit à réparer le tout. La chance nous sourit, nous avons la pièce de rechange à bord. Une grosse journée de travail et le problème fait partie de l’histoire.
Nous allons à la marina de Rodney Bay où le prix est très raisonnable avec des quais à l’américaine et non à la méditerranéenne. Alors que nous pensions doucher Méridien, la pénurie d’eau qui sévit dans les îles nous restreint au strict minimum. L’eau est régulièrement coupée durant la journée. L’utilisation des douches est restreinte, les toilettes de resto affichent l’interdiction de tirer la chasse d’eau, les feuilles sont rabougries, la terre craquelée comme du pavé uni et dans la forêt les chutes d’eau sont pratiquement à sec. Et oui c’est la réalité des îles.
Marie-Josée, Louis et Charlotte arrivent samedi soir. Nous profitons du dimanche pour aller faire une promenade au Pigeon Island National Park et nous quittons vers le sud de l’île. Nous naviguerons jusqu’à la Soufrière question d’avoir les Pitons en fond d’écran. Le quotidien nous rattrape, les boat boys refont surface et nous devons faire avec. Je dois avouer que j’ai perdu contrôle à Marigot Bay où un boat boy m’a fait péter mes plombs. Les invités en sont restés estomaqués pour quelques instants. Pour acheter la paix, le capitaine a fait une entente : on te donne des $EC et tu déguerpis, il n’est pas revenu. On gagne sa vie comme on peut dans les îles.
Le summum du phénomène boat boy, fut toutefois à la Soufrière. Je dois expliquer que cette baie est très peu protégée, de plus, la profondeur dans la zone d’ancrage est de 50-60 pieds. Nous avons deux choix : Jeter l’ancre et reculer vers la terre avec une amarre. Un boat boy t’attache à la terre (à un arbre ou n’importe quoi qu’il trouve) ou tu prends un corps mort. Le capitaine déteste tirer une amarre à terre, donc ce n’est pas une option pour nous. Le deuxième choix, soit la bouée de corps mort nécessite également l’aide d’un boat boy afin de passer le câblot dans l’anneau d’amarrage. Tout ca pour dire qu’on s’est fait arnaquer par un boat boy qui nous a dirigés vers un corps mort appartenant à un pêcheur, alors que nous pensions que c’était une bouée municipale.
La sécurité laissait à désirer et il émanait du capitaine un stress que nous pouvions tous ressentir. D’autres voiliers arrivaient et les boat boys continuaient à nous empiler comme des sardines. Pour en ajouter, le Marine Ranger s’est pointé au volant de sa barque en nous avisant cavalièrement que les autorités n’étaient pas responsables en cas d’avaries - nous étions sur une bouée de pêcheur et elle n’était pas légale. Il nous dit d’aller aux bouées appartenant à la municipalité qui sont déjà toutes occupées. Nous avons alors réalisé que nous nous étions fait arnaquer, car nous avions payé le boat boy. On gagne sa vie comme on peut dans les îles… Le capitaine décide de lever les amarres et la croisière s’amuse quitte la « Soupière » comme aime bien l’appeler Louis.
Pour en ajouter au décor, alors que le capitaine se demandait si nous devions quitter cet ancrage rock & roll, un homme a nagé au bateau en nous disant « J’ai soif donne moi une bière » et ensuite trois femmes ont nagé sur notre corps mort et s’y sont installées quelques minutes pour ensuite faire la tournée des bateaux en demandant du jus. Maintenant nous comprenons, nous étions probablement sur la bouée de leur père, frère, mononcle, mari ou amant…..pêcheur.
Il faut expliquer qu’il y quatre endroits à Ste Lucie où on peut ancrer librement (Rodney Bay, Castries, Marigot Bay et Soufrière), pour tout le reste il faut obtenir un permis et payer l’ancrage. Nous étions au courant, le guide de navigation le mentionne, bien que c’est un peu ambigüe. De plus, pour ancrer aux pieds des Pitons il faut préciser la date où nous prévoyons y ancrer. Ces formalités portent à confusion et lorsqu’on demande des renseignements on obtient des réponses divergentes, juste pour ajouter à la confusion. C’est finalement ce que nous avons compris de façon plus clair lorsque nous avons fait les formalités de sortie. Eh oui, Louis, Marie-Josée et Charlotte, la nuit à l’anse Cochon, fut donc passée dans l’illégalité totale.
Nos amis ont terminés leur séjour en naviguant sur les routes sinueuses de Ste Lucie. La route entre Castries et la Soufrière offre des paysages à couper le souffle tout en passant dans de petits villages très pittoresques. Capitaine Louis a bien tenu la roue compte tenue de la conduite à l’anglaise, des conducteurs locaux roulant à pleine vitesse et dépassant dans les montées. Les visites à Sulphur Springs, Piton Falls, aux Pitons, Jalousie Plantation, Castries et Barre de l’isle Trail sans oublier le spectacle de la Loupiote (nous sommes vraiment sur le même circuit qu’eux) ont bien remplis les deux dernières journées de leur court séjour.
Comme toujours après le départ des amis, un petit creux s’installe. Nous nous accrochons les pieds dans le velcro du quai à Rodney Bay pendant que les nuages apportent de la pluie. Hourra! Que ca fait du bien. Nous en profitons pour faire un peu d’entretien et réparer l’annexe. Depuis plusieurs semaines André a constaté que le tableau arrière était fissuré, (support de hors bord) et il y a une infiltration d’eau. Une plaque en inox pour solidifier le panneau est la solution, si on veut conserver notre voiture aquatique encore quelques années. Le capitaine était très satisfait du résultat. Et nous sommes près à partir pour St-Vincent et les Grenadines.
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